
Edward Hopper, Sun in an empty room
Immagino di tornare, non so dove,
È un luogo sia intimamente conosciuto
Che estraneo. Ho vissuto qui?
No, non vi ho lasciato traccia
E sono immensamente triste, ma la luce
Che ancora abita oggi questa stanza
S’alza, mi viene incontro. Vedi, siamo invecchiati,
Lei mi dice. Non sono più una promessa
Per la tua vita futura, non voglio più
Farti credere che vita e morte siano la stessa rosa
Che fiorisce, al mattino,
Nel risveglio di due corpi che si uniscono.
Ma parliamoci. Ho da dirti la tua notte,
E quanto è accogliente grazie a me,
Ho scostato il lenzuolo del mio sonno,
Scopro il mio corpo, tutte le sue stelle.
Questo sole nella stanza vuota, è la notte,
Accetta di brancolare nella luce,
Entra, perché i tuoi occhi s’aprano di più,
Perfino perché dardeggino.
Dove siamo, certo, non lo sai più,
Ma respira ciò che toccano le tue dita.
Abbandona le labbra al mio respiro
Prima di addormentarti, le tue mani su di me.
Non-essere il sole degli antichi risvegli
Se già non fosse questa grande condivisione.
Come hai vissuto? Ti siano specchio
La finestra, il letto della stanza vuota.
Yves Bonnefoy
(Traduzion di Fabio Scotto)
da “Insieme ancora”, il Saggiatore S.r.l., Milano, 2022
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Light, in an empty room
J’imagine que je reviens, où, je ne sais,
C’est à la fois l’intimement connu
Et un lieu étranger. Ai-je vécu ici,
Non, je n’y ai laissé aucune trace
Et je suis infiniment triste, mais la lumière
Qui habite aujourd’hui encore cette chambre
Se lève, vient à moi. Vois, nous avons vieilli,
Me dit-elle. Je ne suis plus une promesse
Pour ta vie à venir, je ne veux plus
Te faire croire que vie et mort, c’est même rose
À fleurir, au matin,
Dans l’éveil de deux corps qui se renouent.
Mais parlons-nous. J’ai ta nuit à te dire,
Et combien elle est accueillante grâce à moi,
J’ai repoussé le drap de mon sommeil,
Je découvre mon corps, toutes ses étoiles.
Ce soleil dans la chambre vide, c’est la nuit,
Accepte de tâtonner dans la lumière,
Entre, pour que tes yeux s’ouvrent davantage,
Même, pour qu’ils émettent des rayons.
Où sommes-nous, certes, tu ne sais plus,
Mais ce que tes doigts touchent, cela respire.
Abandonne tes lèvres à mon souffle
Avant de t’endormir, tes mains sur moi.
Non-être le soleil des éveils anciens
S’il n’était pas déjà ce grand partage.
Comment as-tu vécu? Soient ton miroir
La fenêtre, le lit de la chambre vide.
Yves Bonnefoy
da “Ensemble encore, suivi de Perambulans in noctem”, Mercure de France, 2016
