Sognò che apriva gli occhi, su soli
Che s’avvicinavano al porto, ancora
Silenziosi, fari spenti; ma raddoppiati nell’acqua grigia
Da un’ombra in cui cresceva il futuro colore.
Poi si risvegliò. Che cos’è la luce?
Che cos’è dipingere qui, di notte? Intensificare
Il blu di qui, gli ocra, tutti i rossi,
Non è la morte ancor piú di prima?
Quindi dipinse il porto ma lo fece in rovina,
Si sentiva l’acqua battere al fianco della bellezza
E i bambini gridare dentro camere chiuse,
Le stelle scintillavano tra le pietre.
Ma il suo ultimo quadro, soltanto uno schizzo,
Sembra essere Psiche che, tornata,
Si è accasciata in lacrime o canticchia, nell’erba
Che s’aggroviglia alla soglia del castello d’Amore.
Yves Bonnefoy
(Traduzione di Fabio Scotto)
da “Quel che fu senza luce” (1987), in “Yves Bonnefoy, Seguendo un fuoco”, Crocetti Editore, 2003
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Psyché devant le château d’Amour
Il rêva qu’il ouvrait les yeux, sur des soleils
Qui approchaient du port, silencieux
Encore, feux éteints; mais doublés dans l’eau grise
D’une ombre où foisonnait la future couleur.
Puis il se réveilla. Qu’est-ce que la lumière?
Qu’est-ce que peindre ici, de nuit? Intensifier
Le bleu d’ici, les ocres, tous les rouges,
N’est-ce pas de la mort plus encore qu’avant?
Il peignit donc le port mais le fit en ruine,
On entendait l’eau battre au flanc de la beauté
Et crier des enfants dans des chambres closes,
Les étoiles étincelaient parmi les pierres.
Mais son dernier tableau, rien qu’une ébauche,
Il semble que ce soit Psyché qui, revenue,
S’est écroulée en pleurs ou chantonne, dans l’herbe
Qui s’enchevêtre au seuil du château d’Amour.
Yves Bonnefoy
da “Ce qui sans lumière”, Mercure de France, 1987