
Kathleen Ferrier
Ogni dolcezza ogni ironia si riunivano
Per un addio di cristallo e di bruma,
I colpi profondi del ferro quasi tacevano,
La luce della spada si era offuscata.
Io celebro la voce venata di grigio
Che indugia nelle lontananze del canto perduto
Come se al di là di ogni forma pura
Tremasse un altro canto e il solo assoluto.
Oh luce e nulla della luce, oh lacrime
Sorridenti piú in alto dell’angoscia o della speranza.
Oh cigno, luogo reale nell’irreale acqua cupa,
Oh fonte, quando fu profondamente sera!
Sembra che tu conosca le due rive,
L’estrema gioia e l’estremo dolore.
Laggiú, tra quei giunchi grigi nella luce,
Sembra che tu attinga all’eterno.
Yves Bonnefoy
(Traduzione di Fabio Scotto)
da “Ieri deserto regnante”, 1958, in “Yves Bonnefoy, Seguendo un fuoco”, Crocetti Editore, 2003
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À la voix de Kathleen Ferrier
Toute douceur toute ironie se rassemblaient
Pour un adieu de cristal et de brume,
Les coups profonds du fer faisaient presque silence,
La lumière du glaive s’était voilée.
Je célèbre la voix mêlée de couleur grise
Qui hésite aux lointains du chant qui s’est perdu
Comme si au delà de toute forme pure
Tremblât un autre chant et le seul absolu.
Ô lumière et néant de la lumière, ô larmes
Souriantes plus haut que l’angoisse ou l’espoir,
Ô cygne, lieu réel dans l’irréelle eau sombre,
Ô source, quand ce fut profondément le soir!
Il semble que tu connaisses les deux rives,
L’extrême joie et l’extrême douleur.
Là-bas, parmi ces roseaux gris dans la lumière,
Il semble que tu puises de l’éternel.
Yves Bonnefoy
da “Hier régnant désert”, Éditions du Mercure de France, 1958